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Ambassade de la République Algérienne Démocratique et Populaire - Berne

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Allocution inaugurale de l'Ambassadeur d’Algérie en Suisse, M. El-Haoués Riache à Locarno le 24.10.2009


Monsieur Gabriele Gendotti, Président du Conseil d’Etat du Canton du Tessin

Mme Lorenza Guiot, Directrice de la bibliothèque de Locarno,

Mesdames, Messieurs les distingués membres du Conseil Communal de la ville de Lucarno,

Mesdames, Messieurs les invités,

Chers Compatriotes,

En tout premier lieu, je tiens à remercier l’ensemble des responsables de la ville de Locarno ainsi que ceux de la bibliothèque cantonale de cette belle ville pour l’accueil chaleureux réservé à notre proposition d’y organiser la deuxième édition de cette exposition culturelle itinérante sur l’Algérie.

Cette grande disponibilité ne nous étonne nullement lorsqu’on connait l’importance qu’occupe la culture dans l’agenda quotidien de cette ville ainsi que dans sa riche histoire.

Bien que relativement petite par le nombre de ses habitants, Locarno est assurément l’un de ces nombreux carrefours suisses où l’histoire, l’architecture, la culture et la beauté de la nature se conjuguent harmonieusement. Baignée par le majestueux, et même mythique, Lac majeur, votre ville jouit assurément d’une aura internationale hautement justifiée… et combien enviable.

Le nom de Locarno est intimement lié à celui de son fameux Festival International du Film et du Traité de Paix de 1925. De fait, il est difficile d’évoquer l’un sans penser à l’autre. Quelqu’un avait une fois dit que Qatar était la capitale d’un pays appelé El-Djazira, par référence à la notoriété de cette chaine de télévision. Plus d’un serait tenté, à ses risques, d’en dire autant de la relation étroite qui existe entre Locarno et son festival international du film.

Ce festival, qui est l’un des plus anciens du monde et qui a à son actif la découverte, entre autres, de Spike Lee, Stanley Kubrick, Claude Chabrol, Jim Jarmush et Marco Bellochio, reste un tremplin des plus appréciés par les cinéastes algériens.

Belkacem Hadjadj, Cherabi Nadia, Chouikh Mohamed, Yahia Mouzahem, Mohamed Latreche, ou encore Assia Djebbar l’ont vu tout récemment encore accueillir leurs œuvres et leur fournir la large exposition tant recherchée par les milieux cinématographiques. L’édition de 2005 avait aussi abrité une rétrospective du cinéma maghrébin dans laquelle le cinéma algérien avait trouvé une place de choix.

C’est dire tout le privilège qui est le nôtre de pouvoir aujourd’hui, et pendant toute une semaine, présenter aux habitants de cette belle région quelques visages de la culture algérienne.

Cette exposition est, en fait, une invitation à aller à la découverte d’un pays, l’Algérie, qui n’a jamais laissé indifférent ni par la beauté de ses paysages, la densité et la diversité de sa culture, la richesse de son histoire plusieurs fois millénaire, ni encore par sa constante et combien généreuse contribution à la civilisation humaine.

Située au cœur de la Méditerranée, ce berceau de civilisations aussi brillantes que diverses qui a vu naître l’agriculture, l’alphabet, les trois monothéismes, la philosophie ainsi que de grands empires, l’Algérie, patrie de Massinissa et de Jugurtha, de Saint Augustin, d’Ibn Khaldoun, de l’Emir Abdelkader, d’Ibn Badis et de beaucoup d’autres encore, aura été, tout au long de son histoire, partie prenante, successivement acteur ou sujet, des évènements et influences qui ont façonné cette partie centrale du monde et, de fait, le devenir de l’humanité tout entière.

Cette modeste exposition n’a donc d’autre prétention que celle d’inviter le visiteur suisse à prendre connaissance avec ce beau pays, et ce travers quelques facettes de sa littérature, de son cinéma, de son artisanat, de sa philatélie et son tourisme. Permettez-moi de dire un mot sur chacun de ces volets de la culture algérienne.

En littérature, une nouvelle génération d’écrivains est entrain d’émerger. Elle prend progressivement le relais de son ainée qui a porté haut l’étendard de la lutte de libération nationale et participé activement à l’éveil du peuple algérien et à son émancipation du joug colonial. Les pères fondateurs de la littérature algérienne moderne, dont les œuvres ont été traduites dans plusieurs langues et ont atteint les contrées les plus lointaines, tels que, entre autres, Kateb Yacine, Mouloud Mammeri, Mouloud Feraoun, Moufdi Zakaria, Malek Haddad, Mostefa Lacheref et Jean Amrouche, peuvent reposer en paix.

La relève post indépendance a été assurée par des auteurs non moins talentueux, se distinguant par le large éventail des styles utilisés, la pluralité des thématiques abordées et la richesse de la gamme des langues d’expression usitées. Tahar Djaout, Rachid Mimouni, Mouloud Achour et beaucoup d’autres encore ont ainsi donné un souffle nouveau à la littérature algérienne des années quatre-vingt.

Aujourd’hui, Hamid Grine, Rachid Boujedra, Amin Zaoui, Ahlem Mostaghanmi, Yamina Mechakra et bien entendu Yasmina Khadra, sont, entre beaucoup d’autres encore, des plumes qui ne laissent pas indifférent et traduisent souvent les profondes transformations que vit la société algérienne.

Le cinéma algérien n’est pas en reste et connait lui aussi une renaissance après une période de stagnation. L’un des premiers cinémas du sud à avoir remporté, précocement peut-être, mais surement avec beaucoup de mérite, des titres internationaux prestigieux avec des films tels que « Chronique des années de braise », il se relève, lui aussi, des contrecoups de la tragédie vécue par le peuple et le pays tout entier durant les années quatre vingt dix, et ce grâce à une relance avérée de la production et à une diversification recherchée des thèmes abordés.

A travers l’artisanat, sa diversité et sa richesse, c’est en fait la présentation d’un livre ouvert sur la créativité au quotidien, et à travers les âges, du peuple tout entier. Les produits exposés sont une autre forme authentique d’expression des caractéristiques du mode de vie de celui-ci, de sa personnalité, de sa spécificité culturelle et de sa relation directe à son environnement.

La philatélie est ce miroir dans lequel le visiteur retrouvera un reflet fidèle de l’histoire, des réalisations, des projections et des attentes du peuple algérien. L’encyclopédie et les échantillons de timbres de différentes époques présentés dans cette exposition sont, à cet égard, un précieux guide.

Enfin, le tourisme, qui a été, malheureusement et pour différentes raisons, beaucoup longtemps le parent pauvre dans un pays qui a des atouts uniques en la matière dans tout l’espace méditerranéen, regagne ses droits et réoccupe progressivement la place qui est la sienne. Le retour et la consolidation de la stabilité politique et de la sécurité ainsi que l’ouverture du pays et de son économie sur le reste du monde ont permis de mesurer tout le potentiel dont est porteur ce secteur en Algérie.

La politique volontariste de développement de ce secteur menée par le gouvernement depuis quelques années maintenant commence à produire ses effets, tant en termes d’organisation et d’infrastructures que d’accroissement des flux de touristes. Contrairement à l’image négative véhiculée çà et là sur le tourisme en Algérie, celui-ci enregistre des résultats très encourageants, notamment dans le grand sud.

Mesdames, Messieurs,

Grâce à la politique de réconciliation nationale menée par le Président Abdelaziz Bouteflika, avec le soutien référendaire massif du peuple algérien et l’adhésion active de toute la classe politique, l’Algérie a renoué durablement avec la sécurité et la stabilité.

Le pays est aujourd’hui, sans nul dote, le plus grand chantier économique du pourtour méditerranéen.

Durant les dix dernières années d’ambitieux programmes de développement ont été lancés dans les domaines des infrastructures de base, des besoins sociaux de la population ainsi qu’en matière de modernisation des institutions. Je ne voudrais pas faire appel aux statistiques, mais nous mettons à la disposition de ceux qui souhaitent s’imprégner davantage des avancées qualitatives réalisées par l’Algérie un document récapitulatif qui retrace les efforts consentis par l’Etat et les progrès enregistrés dans tous les secteurs d’activité. Cette tendance sera confortée par le lancement, l’année prochaine d’u nouveau programme de développement doté d’un budget global de plus de 150 milliards de dollars.

Je dirais simplement que le pays jouit d’une stabilité politique confortée par la tenue régulière d’élections à tous les niveaux, d’une économie assainie enregistrant des taux de croissance positifs sur les huit dernières années, d’une inflation et un déficit budgétaire réduits et contrôlés, d’une aisance financière confortée par la rigueur dans la gestion des finances publiques, le contrôle des dépenses publiques et la réduction de la dette extérieure à des niveaux insignifiants, ainsi que par mise en œuvre de profondes institutionnelles tendant à conforter la démocratie, l’état de droit et la promotion des droits de l’homme et des libertés fondamentales.

Ce sont là des conditions nouvelles générées par une volonté d’installer durablement le pays sur la voie du progrès, du développement et de la modernité. Je souhaite dire que près d’une centaine d’entreprises suisses nous accompagnent dans la réalisation de nos projets de développement, et ce dans des domaines aussi variés que les transports ferroviaires, les produits pharmaceutiques, l’agroalimentaire, le dessalement des eaux de mer et beaucoup d’autres secteurs encore.

Cette présence suisse sur la terre algérienne est, je dois le souligner, particulièrement appréciée chez nous. Certainement en raison de label de qualité reconnu aux produits suisses. Certainement aussi à cause de la rigueur et la qualité des services fournis par les entreprises suisses. Mais et surtout parce que la Suisse et son peuple occupe une place particulière d’estime et de considération dans la mémoire collective du peuple algérien.

Celui-ci garde toujours vivace à l’esprit le rôle joué par la diplomatie suisse dans le lancement et la conclusion des Accords d’Evian qui ont permis de mettre fin à la guerre d’indépendance et consacré le rétablissement de la souveraineté nationale. Il garde aussi toujours présent à l’esprit le soutien désintéressé apporté par de nombreux citoyens suisses à son juste combat pour le recouvrement de sa liberté et de sa dignité.

C’est pour toutes ces raisons que nous avons tenu à inclure dans cette exposition un volet qui rend hommage à cette dimension particulière entre les peuples algérien et suisse.

Mesdames, Messieurs,

Je tiens à conclure cette brève allocution en remerciant nos sponsors Air Algérie et Aigle Azur pour leur précieux appui à cette manifestation, et à nouveau les responsables de la ville et de la bibliothèque de Locarno de leur disponibilité et hospitalité et en vous invitant à aller à la découverte de cette modeste exposition.

Je vous remercie de votre aimable attention.

M. El-Haoués RIACHE, Ambassadeur d’Algérie en Suisse

Locarno, le 16 octobre 2009